Autonomie ou barbarie. La démocratie radicale
de Cornelius Castoriadis et ses défis contemporains.
Éditions Le passager clandestin, 2015.
« Entre la liberté et le repos, il faut choisir » : Castoriadis aimait à rappeler cette phrase de Périclès, citée par Thucydide. Le problème de
l’autonomie, c’est qu’elle est fatigante : il est sans doute plus facile de se laisser aller aux facilités de la consommation et de la jouissance passive,
que de vouloir prendre part à toutes les décisions qui concernent notre vie… Pourtant, il est urgent de voir à quelles menaces la lutte pour une société libre et égalitaire est aujourd’hui confrontée. […] Apparu dans l’Antiquité grecque et, particulièrement, dans la démocratie athénienne,
reformulé et enrichi, après une longue éclipse, à partir de la Renaissance et dans le mouvement des Lumières, le projet d’autonomie est « une plante historique à la fois vivace et fragile » (Castoriadis). Ce constat est, aujourd’hui encore, d’une puissante actualité. Des « révolutions arabes » aux mobilisations turques, grecques, espagnoles ou même états-uniennes, du « réveil indigène » en Amérique latine aux ZAD, on observe un renouveau des résistances démocratiques au désordre
établi du capitalisme mondialisé. Face à cette vivacité renaissante, la fragilité du projet démocratique effraie : l’emprise démultipliée de
l’imaginaire néolibéral, le fantasme de maîtrise illimitée porté par la technoscience, mais aussi la montée des droites extrêmes et l’essor des
intégrismes religieux en témoignent sinistrement. Au vu des risques contemporains qui planent sur le projet d’autonomie, il importe plus que jamais de prêter attention aux processus qui conduisent les sociétés à se dessaisir de leur capacité à se donner leurs propres lois. Ce livre collectif interroge les logiques multiples de domination et d’aliénation
qui travaillent nos sociétés, et tous les «enchantements » qu’il nous faut briser pour relancer le projet d’autonomie. Il étudie également une série de pratiques émancipatrices, de nature éducative, économique et politique ; et propose un examen des possibilités de la démocratie radicale.
Sous la direction de Manuel Cervera-Marzal, chercheur qualifié FNRS à l’université de Liège et directeur du laboratoire PragmApolis, et Eric Fabri, chercheur post doctorant et collaborateur scientifique au Centre de théorie politique à l’ULB,
chercheur associé à Etopia (avec une contribution de Sophie Wustefeld, également chercheuse associée à Etopia).
Démocratie. Histoire politique d’un mot, aux États-Unis et en France.
Montréal, Lux éditeur, 2016.
Le mot « démocratie » est si populaire que toutes les forces politiques s’en réclament. Quelle surprise, alors, de constater que les « pères fondateurs » des « démocraties modernes » associaient cette idée au chaos, à la violence et à la tyrannie des pauvres ! Comment expliquer un tel revirement de sens ? En plongeant dans les discours du passé aux États-Unis et en France, l’auteur dévoile une étonnante aventure politique, où s’affrontent des personnalités et des forces sociales qui cherchent à contrôler les institutions des régimes fondés à la fin du XVIIIe siècle. S’appuyant sur divers pamphlets, manifestes, déclarations publiques, articles de journaux et lettres personnelles, ce récit révèle une manipulation politique par les élites, qui ont petit à petit récupéré le terme « démocratie » afin de séduire les masses. Deux siècles plus tard, alors que la planète entière semble penser que la démocratie (le pouvoir du peuple) est synonyme de « régime électoral » (la délégation du pouvoir à un petit groupe de gouvernants), toute expérience d’un véritable pouvoir populaire (délibérations sur les affaires communes) se heurte toujours au mépris des élites. Bonifiée par une analyse dans d’autres contextes, cette étude comparée France/États-Unis confirme l’extrême malléabilité du sens politique des mots.
Francis Dupuis-Déri est professeur au département de science politique de l’université du Québec à Montréal (UQAM), membre de l’Observatoire des profilages, basé à l’université de Montréal.
Démocratie directe
Éditions Economica, 1998.
Revendiquée par les uns comme une forme nécessaire d’exercice de la citoyenneté face au pouvoir des élites, rejetée par les autres pour ses dérives démagogiques et populistes, la pratique de la démocratie directe fait l’objet de jugements réducteurs. Le rôle réel des outils référendaires reste néanmoins le plus souvent ignoré. Ce livre se propose de dépassionnaliser le débat en recourant à l’analyse comparative d’expériences sur le terrain, tout en étant enrichi par l’éclairage de la pensée politique et le recours à l’histoire. Il restitue les subtilités du fonctionnement de la démocratie directe et la variété de ses effets selon les instruments et les contextes, tant pour les gouvernants que les gouvernés. Au-delà, l’auteur
examine les vertus et limites d’autres formes actuelles de participation des citoyens : mécanisme de gouvernance dans l’action publique, rôle des associations, sondage délibératif, démocratie économique. Tout au long, un questionnement sur les conditions de légitimité et d’effectivité de la décision politique dans nos sociétés, dont la complexité pose des contraintes incontournables.
Ioannis Papadopoulos, professeur au Laboratoire d’analyse de la gouvernance et de la décision publique en Europe (LAGAP E), institut d’études politiques, université de Lausanne.
Défendre la démocratie directe. Sur quelques arguments antidémocratiques des élites suisses.
Presses polytechniques et universitaires romandes, 2011.
Plus que jamais, l’actualité mondiale ou nationale met en question le pouvoir du peuple. Là, il se révolte avec fracas. Ici, on le voit voter contre les autorités en place. Pour les uns, il reconquiert sa liberté. Pour les autres, il est aveugle et crée le désordre. Voici donc un livre sur le pouvoir. Dans la tradition de Benjamin Constant ou d’Alexis de Tocqueville, Antoine Chollet confère du souffle à l’examen des fondamentaux. Comment comprendre et articuler la liberté, l’égalité, la responsabilité, l’opposition entre une élite dite éclairée et les masses. En Suisse, quels sont les atouts exceptionnels, les dérives ou les illusions de la démocratie directe ? Mal comprise, elle est souvent confondue avec les libertés communales du Moyen Âge. Ou admise avec des réserves suspectes. L’auteur en appelle à plus de rigueur et, fort de ses convictions, conclut par des appréciations sévères sur la politique suisse. Il décèle dans ses élites des tendances clairement antidémocratiques. Et inversement, il expose les raisons d’une confiance renforcée en l’institution même de la démocratie directe.
Antoine Cholet est maître d’enseignement et de recherche à l’institut d’études politiques, historiques et internationales de l’université de Lausanne. Ses
recherches portent sur le nationalisme (en particulier dans sa variante suisse) et sur la théorie politique de la démocratie.
Conditions de l’homme moderne : ouvrage d’Hannah Arendt, 1958.
Elle y étudie la vita activa pour elle-même, indépendamment de la vita contemplativa. Dans l’introduction, elle affirme vouloir lui redonner une place de choix alors que la tradition philosophique l’a historiquement reléguée au second rang derrière la vita contemplativa. Cela a eu pour conséquence de passer sous silence les différentes activités de la vita activa :
- le travail : activité qui correspond au processus biologique du corps humain, à la vie elle-même.
- l’œuvre : activité qui correspond à la non-naturalité de l’existence humaine, à l’appartenance au monde. Elle fournit un monde artificiel d’objets, nettement différent de tout milieu naturel, dans lequel se loge chacune des vies individuelles, destiné à leur survivre et à les transcender.
- l’action : seule activité qui mette directement en rapport les hommes, sans l’intermédiaire des objets ni de la matière, correspond à la condition humaine de la pluralité, au fait que ce sont des hommes et non pas l’Homme, qui vivent sur Terre et habitent le monde.
Avec ce livre, elle désire redonner à l’action l’attention qu’elle mérite, vise à redonner aux hommes le souci de laisser une trace dans le monde au-delà de leur vie et à réaffirmer la dimension humaine de la pluralité.
Démocratie forte
Desclée de Brouwer, 1997.
Le libéralisme se présente comme une théorie « faible » de la démocratie, basée sur la défiance vis-à-vis de tout ce qui est au-delà des intérêts privés, au service exclusif de l’individualité. De ces fondations précaires, nulle théorie durable alliant citoyenneté, participation, intérêt public ou vertu civique ne peut émerger. Ce livre explore tant les fondements théoriques que les modalités pratiques et institutionnelles qui pourraient favoriser le développement d’une démocratie forte, seule capable effectivement de répondre à « McWorld », à une mondialisation des marchés qui détruirait toute vitalité démocratique. Une démocratie mue par un idéal positif de participation et d’implication des citoyens à l’égard du bien commun.
Benjamin Barber, est professeur de sciences politiques à l’université du Maryland, spécialiste de la société civile et Distinguished Senior Fellow à l’institut de recherche Demos à New York. Il a écrit Jihad versus McWorld (1996) et Comment le capitalisme nous infantilise (2007). Il a également été conseiller de plusieurs personnalités démocrates américaines.
Pour un pacte démocratique. L’enjeu d’une double assemblée.
PUL, 2022.
Particratie, abstentions massives face au droit de vote, défiance ou méfiance envers les élus, promesses électorales jamais tenues, etc. Comment
redonner l’envie de l’action démocratique quand de telles difficultés se réitèrent sans cesse ? Ce livre tente de réinstituer la démocratie, au-delà de toutes ces impasses, en promouvant une démocratie « communale », comprise comme une nouvelle voie, en « alternance » avec la démocratie « libérale ». On aurait alors un nouveau pacte démocratique consolidé par une « double assemblée », celle des partis et des communes (ou des conseils), afin d’agir en faveur de l’incessante et nécessaire résolution des tensions démocratiques.
Eric Clemens a toujours cherché à déborder les frontières universitaires de la philosophie, dans l’action comme dans le langage. Militant après Mai 68, poète avec la revue TXT, voyageur, enseignant en philosophie aux facultés universitaires Saint-Louis (Bruxelles), il a publié De l’égalité à la liberté. En passant par le Revenu de Base Inconditionnel (Le Corridor Bleu), Penser la guerre ? (Éditions du CEP), Le fictionnel et le fictif (Éditions du CEP) et Les brisures du réel. Essai sur les transformations de l’idée de « nature » (Éditions Ousia). Il est également chercheur associé à Etopia.
Pour une 6e République Écologique
Odile Jacob, 2011.
Alors que l’ampleur de la crise Ecologique impose une nouvelle ambition pour l’humanité, nos démocraties n’avancent qu’à petits pas. Or les
dégradations en cours de la biosphère menacent nos conditions de vie et exigent un changement de cap rapide. Face à la nécessité d’anticiper et de réagir vigoureusement, certains s’interrogent sur l’efficacité de la démocratie, suggérant qu’un gouvernement autoritaire permettrait de relever plus aisément le défi. Notre ambition est au contraire de parier sur la démocratie, de l’approfondir et de la renouveler. Pour ce faire, il
s’agit d’avancer des propositions concrètes permettant d’engager toute ensemble l’indispensable transition Ecologique. Ce livre refuse, ainsi, de choisir entre démocratie et environnement et ne propose rien de moins
qu’une architecture institutionnelle nouvelle : une république Ecologique.
Ouvrage collectif sous la direction de Dominique Bourg, pilosophe franco-suisse, professeur émérite à l’université de Lausanne.